dimanche 16 juin 2013

Servon, le dimanche 16 juin 2013

hirondelle de fenêtre

A LA RECHERCHE DU LORIOT D EUROPE

  Nous sommes 18 à la sortie d'aujourd'hui. Le point de rendez-vous était à Tanis, et en attendant les derniers, nous avons pu observer une hirondelle de fenêtre qui revient toutes les 5 mn ajouter une boulette de boue pour construire son nid (photo). Il nous est facile de voir quel travail a été effectué ce matin, car la boue, à l'ombre, n'est pas sèche.
Cette espèce insectivore, visiteuse d’été, est reconnaissable à son croupion blanc, elle construit son nid à l’extérieur des bâtiments (coins de fenêtre ou de porte ou contre un chevron porteur de toiture) au moyen de boulettes de boue voire de bouse ce qui la différencie de sa cousine l’hirondelle rustique qui niche à l’intérieur des bâtiments.
Dans un nid d'hirondelle terminé, un couple de moineaux domestiques s'est installé (photo). Le sujet de discussion entre M. et Mme moineau glissant sur le terrain politique, un léger désaccord semble apparu (photo). Toujours dans le bourg de Tanis, des hirondelles rustiques, des martinets et des étourneaux.
Squat de moineaux
Débat politique.


Paulo et Marie-Madeleine nous guident ensuite vers une zone de campagne un peu humide à la Lieutière sur la commune de
Servon, nous promettant des loriots. Enfin, il n'y en avait pas de visible il y a deux jours, mais le milieu s'y prête ...
Dès notre arrivée, nous entendons un « di-de-lio », sifflement fluté puissant et mélodieux le chant du loriot d’Europe.
Cet oiseau dont le mâle est de couleur jaune et noir, fait penser à un oiseau exotique mais son observation est difficile car il vit à la cime des arbres dans les bois ou  les peupleraies. Visiteur d’été, il arrive chez nous fin avril début mai et repart discrètement dans le courant du mois d’août. Dans le sud manche, il est présent dans la vallée du Couesnon, au bois Dardennes et aux falaises de Carolles.
Nous partons vers la peupleraie. Le chant se fait plus net, quelques cris sont entendus. Un second territoire est repéré un peu plus loin. Après avoir patienté quelques minutes, un loriot sort un instant des frondaisons pour voir qui siffle "comme un loriot", puis deux loriots et probablement un troisième sortent du bosquet et partent. Certains d'entre nous ont même assez bien vu la belle couleur jaune du mâle.
Notre groupe et une peupleraie.

Après l’identification du loriot, nous entendons une autre espèce visiteuse d’été, elle aussi très discrète et méconnue, la tourterelle des bois au chant sourd et doux : turrrrrr-turrrrr qui niche dans les bosquets et les landes tranquilles.
Au détour d’une prairie, nous surprenons un héron cendré et entendons le tadorne de Belon, canard marin nichant aussi dans les marais périphériques de la Baie du Mt Michel.
A cette saison, les oiseaux chantent beaucoup moins qu’au début du printemps, ils sont très occupés par l’élevage des nichées ainsi nous observons une famille de mésanges bleue et une autre de mésanges à longue queue.
Dans ce bocage, nous entendons aussi un autre visiteur d’été très discret, le gobemouche gris que nous observons brièvement à 2 reprises. Il se perche sur une branche, un poteau ou tout autre endroit bien dégagé et « gobe » d’un vol rapide les insectes qui passent à sa portée.
Le marais avec ses nombreuses haies est fréquenté par de nombreux passereaux parmi lesquels : fauvette à tête noire ; pinson des arbres ; pic vert ; pouillot véloce ; troglodyte mignon ; merle noir ; coucou ; corneille noirepigeon ramier ; grive musicienne ; buse variable, postée sur un piquet dans un champ voisin ; geai des chênes ; mouette rieuse (le retour des mouettes depuis leurs sites de nidification est proche) ; accenteur mouchet (un seul chant car il chante et niche bien plus tôt en saison) ; canard colvert. Soit 27 espèces différentes. Cette diversité est d'autant plus remarquable que nous n'avons fait qu'un court aller-et-retour d'à peine 1 km. A très petite vitesse ... Nous n'avons pas battu les records de distance aujourd'hui. Les amateurs de randonnées devront se rattraper dans l'après-midi ! Le milieu varié a conservé des haies comprenant des arbres âgés.
Merci, à Paulo qui nous à fait découvrir un endroit d’une grande richesse ornithologique

 Pour agrandir les photos, cliquez sur elles.
Buse variable à l'affut.
    Luc Loison et Thierry Grandguillot

Prochaines sorties :
Un bocage à l'ancienne, mardi 23 juillet, 14h à Bellefontaine, rdv à la Cour du Haut (la Fermette)
Pour la sortie à Tombelaine le 4 août, réservez auprès de Luc Loison au 02 33 58 11 78

mercredi 5 juin 2013

Moulines le 2 juin 2013

Curieux de nature (CIVAM)
Quelques notes après la visite du 2 juin 2013
à Moulines (10h15-12h)
Le stand du GONm tenu par Sébastien Crase,
François Le Goff, Evelyne Bouhallier
et Claude Legras (absent sur la photo).
La première visite, le matin, a rassemblé 11 participants. Le chemin boisé puis le sous-bois offrent des habitats parfaits pour les espèces du bocage : elles ont en commun d’utiliser les arbres et buissons soit pour chasser, soit pour chanter, soit pour y cacher leur nid. Chaque espèce a ses exigences : chanter haut (par exemple le pinson des arbres, le pouillot véloce que nous avons repérés), nicher bas (le pouillot véloce qui alerte pour « faire taire » sa nichée fraichement sortie du nid derrière le talus) ou haut (le nid de corneille noire). Un même endroit est utilisé différemment : la fauvette à tête noire chante et chasse plutôt dans la couche éclairée des feuilles hautes de la lisère ; inversement, le merle noir et le rouge-gorge familier sont de vrais oiseaux de l’humus et chassent au sol dans la couche de feuilles mortes. Enfin, les chasseurs aériens tels que le martinet noir ne se posent jamais à terre.
La grande richesse d’un bocage, ce sont ses haies et la qualité de leur boisement ; en particulier, l’âge des arbres est un détail capital pour expliquer la présence de certaines espèces qui sont liées au bois mort, que ce soit celui des branches mortes ou celui du cœur du tronc dans les cas les plus âgés. Des oiseaux spécialisés y chassent les larves et insectes qui ont besoin du bois mort pour se développer. Les nombreuses cavités creusées par le pic épeiche sont typiques. Certaines de ces « loges » servent à sa reproduction, les jeunes sont élevés dans ces cavités. Sur des souches âgées, « pourries », les pics creusent et arrachent des copeaux pour accéder aux proies du bois mort. Dans le chemin, le pic noir (un nouveau venu en Normandie depuis les années 1970) a arraché de gros copeaux à un vieux tronc. Nous avons aussi entendu le pic vert crier en lisière : cet amateur de fourmis n’est pas vraiment un pic forestier. Il est maintenant plus commun sur les pelouses de faubourgs qu’en bocage où la disparition des talus détruit aussi les fourmilières.
Les points d'écoute
(cliquer pour agrandir)
La saison est remarquable, beaucoup d’espèces sont occupées par la reproduction. Les chanteurs marquent leur territoire (seuls les mâles chantent) : les postes de chant souvent élevés sont en fait des « bornes » délimitant le territoire du couple, espace défendu contre les autres mâles de l’espèce. Certains ont des jeunes ou des nids occupés. Le rouge-gorge pousse un cri aigu qui avertit les jeunes au nid et les « paralyse », limitant ainsi les risques de découverte par les prédateurs. D’autres chanteurs sont notés : le bruant zizi, la grive musicienne (qui répète plusieurs fois le même motif), la mésange bleue, la grive draine... En vol, la buse variable et le geai des chênes restent silencieux.
Quelques autres observations : empreintes du blaireau, noisette fendue de l’écureuil, empreinte du lièvre, empreintes du ragondin au ruisseau. Excrément de Mustélidé (genre fouine) sur le chemin, caractéristique d’un mangeur de fruits du lierre vu la grande quantité de graines.
J Collette/GONm




Moulines, Curieux de nature (CIVAM - 2 juin 2013)
CR de la visite « oiseaux » de l’après-midi axée sur la ferme

Nous étions 15 à la sortie de l'après-midi. Comme vous avez pu le constater, les oiseaux sont peu actifs l’après midi ou plus exactement, il y a beaucoup moins de chanteurs. Du coup, nous n’avons pas seulement parlé des oiseaux...
Sur la route, les bermes fleuries sont l’occasion de rappeler que les sols agricoles actuels, trop riches, favorisent les graminées souvent dominantes, au détriment des « plantes à fleurs » (les Dicotylédones pour les botanistes - mais les graminées ont aussi des fleurs, non colorées -) L’observation des graminées devenant brusquement majoritaires à la sortie d’un champ montre comment la seule exportation à partir du champ
Dans le verger haute tige
(Photo Hervé Pichon)
cultivé (ruissellement d’éléments minéraux, lisier, fumier...) modifie immédiatement la flore. On peut dire que le bord de route est devenu le seul espace « sauvage » de notre environnement bocager, le dernier espace de reproduction, d’alimentation de nombreuses espèces animales, en particulier les insectes : les bourdons, les papillons ne trouvent que là l’éventail constamment renouvelé des possibilités de butinage. Sauf que l’entretien mécanisé des bermes et talus détruit chaque année un peu plus chenilles, larves diverses, nids de bourdons, etc. Il y aurait beaucoup à réfléchir sur ces techniques d’éparage.
Ce jour, la fleur la plus répandue sur la berme est la génotte, petite fleur blanche de la famille des carottes, la « noisette de terre » des anciens. Sur le talus, autour des très vieilles souches, le genêt apparaît sur une clairière (il est à sa place, nous rappelant le contexte des landes des taillis si communes encore au 19 e siècle). Un pied de « palme » (le laurier cerisier des parcs et jardins), échappé ici, illustre bien la question maintenant évidente des êtres vivants introduits et devenant parfois si envahissants (les plantes invasives, mais aussi les animaux, le ragondin par exemple ; une autre forme de la mondialisation...)
Sur la petite route, quelques oiseaux se manifestent : deux pinsons des arbres se répondent ; ce sont deux mâles (seuls les mâles chantent) posés sur des arbres élevés de leur territoire servant de « bornes » aux limites du territoire qu’ils défendent contre leurs voisins de la même espèce. Ce comportement territorial n’existe plus quand la saison de reproduction est terminée. Il permet de compter les mâles de chaque espèce et de calculer approximativement le nombre de couples nicheurs d’une espèce pour une surface donnée.
Si le pinson des arbres est une espèce typique du bocage boisé, le bruant jaune (malheureusement il s’est contenté de pousser des cris d’alerte) est ici plutôt le signe de la dégradation du maillage bocager. Le matin, pour 10 points d’écoute espacés sur le territoire de la commune de Moulines à partir de 5h50, 6 chanteurs sont notés, ce qui illustre bien le caractère de mutation du bocage actuel. Ce bruant est initialement un oiseau des landes et des paysages ouverts à buissons bas et discontinus, pauvres en arbres. Le territoire de celui qui nous a tourné autour (en fonction des perchoirs bornes de son territoire) est marqué par les barbelés de la route, des ronciers épars et des haies discontinues.
La prairie ray-grass/trèfle est, au moment où nous la traversons, peu attractive pour la faune sauvage (le trèfle n’est pas fleuri). Le contact entre les deux parcelles forme un corridor de plantes à fleurs original. Cet espace moins soumis aux pratiques culturales a conservé en partie un aspect de « prairie maigre à l’ancienne »
Deux haies successives sont intéressantes pour leurs qualités respectives : le tronçon de jeune haie d’une quinzaine d’années comparé au suivant, vieux talus boisé, rappelle que le facteur temps est capital dans l’analyse de la « nature ». Il faudra encore quelques décennies pour que la jeune plantation rivalise avec sa voisine, en particulier pour toute la faune qui a besoin du vieux bois pour habiter la haie. Cependant la jeune haie est déjà au stade arbustif qui plait à certaines espèces moins regardantes, le pinson par exemple. Outre le vieux bois, la caractéristique remarquable d’une vieille haie, c’est sa richesse en essences, c’est à dire que si la jeune haie comprend 6 ou 10 essences (toutes plantées) au maximum, quelques plantes supplémentaires sont présentes dans la vieille haie : ici, le prunellier, le fusain d’Europe, le lierre, etc. Ces plantes ajoutées offrent des possibilités d’installation supplémentaires pour les oiseaux : sites de nid, mais surtout des fruits sauvages recherchés selon les saisons. Il est à noter que la plupart de ces essences supplémentaires sont semées par les oiseaux qui dispersent les graines contenues leurs excréments.
Deux merles noirs se nourrissent à terre : cet oiseau initialement originaire des forêts a conservé sa technique de chasse dans les feuilles de la litière pour chercher ses proies sur la prairie pâturée (un vieux gazon a le même attrait en ville.)


Le nid de mésange bleue dans une cavité de pommier:
le couple nourrit (à grande vitesse!)
en permanence malgré notre présence
sous le pommier. (Photo Hervé Pichon)
Le gobemouche gris chante perché sur l’antenne. C’est un migrateur de retour tardif en Normandie vu son régime alimentaire : uniquement des insectes volants capturés en vol, d’où son nom ! L’image la plus traditionnelle de chasse de cet oiseau, c’est de le voir perché sur les basses branches des pommiers (haute tige) un peu sèches après le broutage « égalisateur » par les bovins. Depuis ces perchoirs, il capture les insectes qui volent sous les pommiers et revient souvent se percher sur les mêmes branches. L’autre chasseur aérien bien connu que nous avons vu, c’est l’hirondelle rustique (autrefois hirondelle de cheminée, où elle collait son nid en entrant par dessus !) Une étude a montré le lien fort qui unit cet oiseau aux bovins, en particulier à cause des insectes variés qui accompagnent les vaches dans les herbages. Par contre, le nid est toujours collé dans les bâtiments traditionnels, plutôt sombres, jamais dans les stabulations modernes. (Si vous avez connaissance de tels cas, c’est intéressant à signaler)
Une dernière observation remarquable (bien que banale), c’est celle du nid de mésange bleue installé dans une cavité de branche de pommier : les deux adultes nourrissent à un rythme soutenu, apportant essentiellement des chenilles aux poussins que l’on entend piailler à chaque passage des adultes. Les mésanges sont d’infatigables prédateurs de chenilles du pommier, ce qui explique que les producteurs de fruits en verger basse tige installent des nichoirs à mésanges dans leurs parcelles. Le verger haute tige traditionnel est un habitat recherché par de nombreux passereaux, en particulier ceux qui nichent dans des cavités du tronc ou des branches. La mésange nonnette, le rouge-queue à front blanc, le pic épeichette sont des oiseaux devenant rares en bocage, et qui conservent cependant des populations attachées au verger haute tige là où la production cidricole a maintenu des cahiers des charges de production attentifs au lien au terroir, y compris la biodiversité.
En buvant du cidre (normand et si possible de haute tige, et là il faut souvent faire l’éducation du serveur au restaurant...), nous encourageons nos producteurs à entretenir durablement leur verger et la vie sauvage associée.
Jean Collette/Groupe ornithologique normand/3-06-2013

A visiter : le site  du civam de  Basse-Normandie : http://civambassenormandie.org/?page_id=10
Le site du Groupe Ornithologique Normand (GONm) :  http://www.gonm.org/