dimanche 30 octobre 2016

La Haye-Pesnel, refuge de l'Arséantise


Durant l'animation du matin.

    Le centième relevé ornithologique sur le refuge chez Anne et Carl a servi de prétexte à une journée dédiée à la nature : un circuit de découverte des oiseaux, des animaux du ruisseau, des haies, puis des vers et du jardin pour terminer, le programme varié a attiré 30 personnes au cours de la journée. Le rouge-gorge omniprésent dans les haies, les loches et les gammares du ruisseau, les galles des racines des aulnes, les arbres remarquables des haies, etc... : les occasions d’échanger furent nombreuses.
La buse variable profite d'une ascendance thermique.

    La place du refuge dans le paysage rural actuel est symbolique : sur ses 3 ha, le taux de boisement est remarquable avec près de 400 m/ha de haies et lisières. Comparé aux pauvres 50 m/ha de beaucoup de fermes « modernes », on imagine sans peine que la quantité de vie sauvage est autrement plus riche que sur les terres agricoles voisines. La zone de prairie reboisée montre les premiers indices de la dynamique forestière en cours : la flore de prairie initiale est chassée par l’ombre des arbres ; de jeunes chênes et noisetiers, débarrassés de la concurrence des graminées et des fougères aigle sont déjà bien visibles. Les arbres taillés en février dernier lors du chantier sont en cours de cicatrisation. Ils prendront « de la hauteur » pour constituer  la strate des arbres au dessus des arbustes.

    Quant au vallon humide en déprise, son cas est intéressant et mériterait un débat à lui seul : il résume les enjeux du bocage délaissé par la mécanisation des exploitations modernes. Deux solutions : soit poursuivre une exploitation en prairie telle que l’on créée nos prédécesseurs attachés à la moindre surface productive en contre partie d’un travail d’entretien manuel et du pâturage; soit la possibilité de laisser le milieu évoluer spontanément entre ronciers actuels et boisement futur (l’échelle de vie humaine est un mauvais chronomètre dans ce cas...) La trame boisée ainsi constituée au long de toutes les parcelles en déprise réinvente un boisement linéaire qui n’est pas sans intérêt dans un paysage agricole où la densité de haies ne sera plus jamais celle du 19e siècle.

Carl dans son potager montre un sol très meuble, vivant.
    L’après-midi, après la démonstration de comptage de vers du sol (rendue difficile par les conditions de faible humidité du sol depuis plusieurs mois qui ont probablement « enfoui » les vers en profondeur comme en plein été), Carl et Anne ont expliqué leur approche du jardinage à travers des pratiques de compostage à la surface du sol qui est paillé et non retourné. Le travail physique est remplacé par celui des microbes du sol qui ameublissent la couche superficielle en une magnifique couche d’humus souple, sans compter l’économie d’eau d’arrosage. La démonstration fut convaincante...

    Merci à Anne et Carl pour leur accueil, café, velouté de châtaigne, madeleines et toute cette sorte de choses appréciées au soleil de midi lors du pique nique où nous avons pu partager moult pâtisseries apportées par chacun.  Benoît nous a fait  profiter de ses connaissances sur la faune du ruisseau, découverte d’un monde ignoré des « ornithos du dimanche.»

Voici la liste des oiseaux:
Un remarquable têtard de frêne.
  1. le geai
  2. l'accenteur
  3. l’alouette des champs
  4. le rouge george
  5. le choucas
  6. la corneille
  7. le pic vert
  8. le merle
  9. la mésange bleue
  10. l’étourneau
  11. le roitelet triple bandeau
  12. le verdier
  13. le troglodyte
  14. la pie
  15. le pinson des arbres
  16. le chardonneret élégant
  17. le pic épeiche
  18. la grive musicienne
  19. la mésange charbonnière
  20. la fauvette à tête noire
  21. le pipit spioncelle
  22. l'alouette lulu

Résumé : Jean Collette
Photos : Thierry Grandguillot, Jean Collette
Liste avifaune : Sébastien Crase

    Le comptage des vers du sol : un protocole mis au point par l'université de Rennes pour connaître la richesse des sols. Pour faire des comparatifs valables, il faut faire ce comptage entre janvier et mars. Là, après trois mois secs, le résultat n'est pas probant ...
Décaper le sol enherbé (tondeuse au plus bas) sur 1 m².
Arroser d'un arrosoir d'eau mélangée à deux petits pots de moutarde

Rechercher les vers qui, ne supportant pas la moutarde, sortent.

Second arrosage à la moutarde au bout de 15 minutes.

Mettre les vers dans l'eau pour les rincer : la moutarde est irritante pour leur peau.


Reconnaître les espèces et.compter.



Un compte-rendu ce cette journée dans l'Ouest-France de lundi 31 octobre 2016 :


Prochaines sortie :
Dimanche 13 novembre, à Saint Georges de Livoye
RDV à 9 h 30 au parking du Moulin (étangs de pêche)
covoiturage possible 9 h 15 au jardin des plantes d'Avranches.

Dimanche 18 décembre :
Avranches, circuit vers la Sée
RDV 9 h 30 au parking de la gare SNCF d'Avranches.





dimanche 16 octobre 2016

Saint-Senier : Les oiseaux d’une ferme en refuge


    La ferme d’Adrien Lechartier est entrée dans le réseau des refuges du GONm en 2014. Elle présente l’intérêt d’être l’une des fermes bio du réseau. Nous étions 19 à parcourir une partie des parcelles bocagères en compagnie d’Adrien qui nous a servi de guide, nous expliquant en particulier ses pratiques culturales : les semis en cours de prairies mélangées, les chaumes de maïs encore en place furent de bons terrains pédagogiques ! Nous avons appris l’intérêt des fétuques préférées au ray-grass, et la place des légumineuses fourragères dans l’alimentation du bétail.

     Au total, 32 espèces ont été notées, essentiellement dans les haies et en vol. Cependant, aux abords du corps de ferme, les moineaux forment un beau groupe (20, 30 individus ?) fidèle à un roncier bas qui sert de reposoir durant la journée. L’accenteur mouchet est aussi « à sa place », attaché aux buissons décoratifs des abords de la maison. Au cours de la sortie, le rouge-gorge est omniprésent, des voisins en venant même « aux mains », la cohabitation étant difficile entre individus trop proches. La migration a apporté de nombreux nouveaux qui doivent trouver une place même temporaire sur le trajet du voyage d’automne.

    Certains chantent brièvement, ce seront les rares chants entendus avec celui du bruant zizi quittant rapidement la haie à notre approche. Parmi les petits plaisirs de la matinée, l’alouette lulu nous survole à deux reprises, signant le début de sa présence hivernale et deux bécassines des marais quittent la parcelle de chaume de maïs.

    Sur les divers pylônes électriques, buse et faucon crécerelle sont à l’affût. Le lièvre levé dans le chaume de maïs ne craint rien d’eux, par contre qu’est-il arrivé au petit rongeur dont le nid en boule d’herbe est laissé à découvert ? Le renard et le blaireau qui signent leur territoire de nombreuses crottes ont peut-être profité de l’occasion. Les lapins de garenne cohabitent sans problème dans les mêmes terriers que les deux compères dans une des haies voisines !

Ces crottes de renard comprennent des restes d'insectes.
     En 8 visites du refuge, la liste des observations compte 56 espèces. C’est le pinson des arbres qui fournit le gros des bataillons (248 individus comptés). Parmi les raretés, la bouscarle de Cetti, petite fauvette des zones humides, est présente en octobre 2014 sur un petit espace engorgé par la Pivette qui a pris sa source à 100 m de là...

     Une des haies récentes plantée après le remembrement est différente des autres beaucoup plus anciennes. En particulier, des aulnes blancs y sont implantés, porteurs de fruits « en sapinettes », les strobiles, dont les graines attirent les passereaux en hiver, non seulement le tarin des aulnes, mais aussi le chardonneret, le pinson, la mésange bleue...

    Quelques strobiles portent des galles originales, des « langues » roses et vertes quand elles sont fraiches. Elles sont provoquées par un champignon, Taphrina amentorum, les Anglais nomment cette galle « Alder tongue gall », la galle de l’aulne en langue. Cette galle est plus rare sur l’aulne glutineux des rives de la Sée.

    La ferme fait partie d’une ancienne propriété noble locale. Certains arbres sont très anciens, un têtard de frêne par exemple mais surtout un chêne remarquable, vieux peut-être d’au moins 300 ans.

    Merci à Adrien de nous avoir reçus et accompagnés au cours de cette sortie mensuelle originale.

CR J Collette
Photos Th Grandguillot

Tourillon de ver de terre : le sol est respecté !
Une mouette rieuse a été mangée ici ...
    Secrétariat liste : S Crase
1. le rouge gorge
2. le merle
3. le héron cendré4. le moineau domestique
5. la buse
6. l'accenteur
7. la tourterelle turque
8. le pinson des arbres
9. l’étourneau
10. la mésange bleue
11. la bergeronnette grise
12. le faucon crécerelle
13. la corneille
14. la grive musicienne
15. le pigeon ramier
16. l'alouette lulu
17. le bruant zizi
18. le bruant des roseaux

19. l'alouette des champs
20. le pigeon biset
21. le goéland argenté
22. le choucas
23. le pipit farlouse
24. la bécassine des marais
25. la linotte mélodieuse
26. la pie
27. le grand cormoran
28. le pic épeiche
29. le roitelet huppé
30. la mésange à longue queue
31. le corbeau freux
32. la bergeronnette des ruisseaux


La chouette passe par ici, la nuit.

Prochaines sorties :

Yoplait est très intéressée par notre groupe !
Le 30 octobre à La Haye-Pesnel, journée nature à la carte de 9 h à 17 h, par séquences d’une heure au choix (oiseaux, essences des haies, vie du ruisseau, vers de terre, jardin en permaculture...)


Le 13 novembre, à Saint-Georges-de- Livoye, 9h30 au parking de l’étang de pêche du moulin
ou 9h15 au jardin des plantes d'Avranches pour covoiturer.




Ajout : Pour trouver le lieu de l'animation du 30 octobre :
Refuge de l'Arséantise
Dans le centre ville de la Haye-Pesnel, tourner à droite : en regardant la place de la mairie, prendre la rue  à gauche qui passe devant le collège, le château d'eau, continuer tout droit jusqu'au carrefour avec la route du Tanu ; prendre à gauche ("route de la Bourgeais") et continuer 1 km. C'est la première maison à gauche.

(cliquer pour agrandir le plan)